Ne l’appelez plus jamais… Vanille Bourbon de la Réunion. Son nom désormais officiel est « Vanille de l’île de la Réunion ». À condition bien sûr qu’elle soit cultivée selon un cahier des charges très strict validé par l’INAO. Et c’est pour défendre leur produit face à une offre pléthorique de vanilles, et pas toujours de bonne qualité, qu’un groupement de producteurs et de transformateurs a souhaité obtenir ce label tant convoité pour sa vanille.
LA VANILLE DE L’ÎLE DE LA RÉUNION, UNE VANILLE PREMIUM
La vanille Bourbon pousse sous d’autres latitudes que celle de l’île Intense. Les réunionnais ont donc souhaité une vanille « premium » pour se différencier des autres vanilles Bourbon, notamment celle de Madagascar. La Grande île produit entre 60% et 80% des vanilles de cette espèce. Mais la qualité n’est pas toujours au rendez-vous. La quantité et la rentabilité étant les maîtres mots. Si la Réunion et les autres îles Mascareignes (Maurice, Rodrigues) mais aussi Madagascar, Mayotte, Les Comores, Les Seychelles ont pu devenir les îles dites Vanille, c’est grâce à un jeune esclave du nom d’Edmond Albius qui a rendu possible la culture de l’épice. Au Mexique, berceau historique de cette plante, la fécondation se fait grâce à un petit insecte, la Mélipone, qui n’existe pas dans l’Océan Indien. Introduite en 1819 sur l’île Bourbon, ce n’est finalement qu’en 1841 que le procédé de pollinisation est découvert grâce à l’enfant prodige qui n’est âgé que de 12 ans ! La première fécondation artificielle de vanille ayant été découverte, quant à elle, en 1836 par Charles Morren. Ces deux découvertes ont révolutionné cette culture. La Réunion a également mis au point le procédé de transformation utilisé par tous.
VANILLE DE L’ÎLE DE LA RÉUNION : UNE QUALITÉ, UNE ORIGINE, UN SAVOIR-FAIRE
C’est lors du Salon International de l’Agriculture, que la Réunion a décidé d’officialiser, devant un parterre de journalistes de tous horizons et d’officiels, ce qui était le cas depuis déjà le 27 août 2021. Date à laquelle le cahier des charges de la Vanille de l’île de la Réunion a été enregistré par la Commission Européenne, reconnaissant ainsi à cette vanille une qualité, une origine, un savoir-faire et par là même une protection à l’échelle Européenne. Et les Réunionnais en sont fiers. « C’est la meilleure vanille du monde » a très modestement déclaré la délégation chargée de présenter l’IGP. Les producteurs de Vanille de Tahiti apprécieront…
L’idée de créer une IGP est née grâce à un groupement composé de deux collèges (producteurs et transformateurs), l’Association pour la Valorisation de la Vanille de l’île de la Réunion. Durant près de 10 ans, les différents acteurs de la filière ont travaillé d’arrache-pied pour déterminer ce qui fait la qualité unique de leur produit, qu’il soit frais ou sec. L’aire géographique de cette IGP, dont la limite altitudinale est de 700 mètres, comprend les communes de Sainte-Marie à Saint-Joseph sur la côté Est du département, appelée « côte au vent ». Production et transformation doivent être réalisées sur l’aire géographique.
UN LABEL AUX EXIGENCES DRACONIENNES
La Vanille de l’île de La Réunion (Vanilla planifolia) peut être commercialisée sous plusieurs formes. Les vanilles sèches se présentent en gousses entières ou partiellement fendues sur 3 cm maximum. Elles possèdent un aspect huileux, une texture souple très malléable et une couleur qui va du brun au brun chocolat. Le taux d’humidité oscille entre 25% et 42%. Les vanilles fraîches, des gousses entières et éventuellement fendues sur 6 cm, sont plus claires puisque leur couleur est un marron tirant vers le roux. Elles aussi charnues et brillantes, elles ne peuvent cependant pas se plier car rigides donc cassantes. Leur teneur en humidité va de 60% à 80%. Les vanilles givrées se présentent comme les vanilles sèches et fraîches, fendues sur au maximum la moitié de leur longueur, mais chargées de vanilline (2%), elles sont recouvertes de cristaux. Pour reconnaître la Vanille de l’île de la Réunion sur les étals, rien de plus simple. Elle est conditionnée dans des contenants hermétiques mais jamais sous vide. Si c’est le cas, il s’agit d’une vanille Bourbon (éventuellement de la Réunion) mais pas d’une vanille labélisée. Le cahier des charges de l’IGP précise également d’autres aspects incontournables pour obtenir le label tant convoité. Rien n’est laissé au hasard que ce soit les pratiques culturales, la récolte, la transformation, le stockage et le conditionnement pour que ce produit satisfasse à toutes les exigences.