Il faisait chaud début février dans le hall 5.1 de la Porte de Versailles. Du 2 au 4 février s’est tenu le 3e Salon de la Gastronomie des Outre-mer et de la Francophonie (Sagasdom), organisé par Babette de Rozières, avec la Polynésie Française en invitée d’honneur. Une édition 2018 placée sous le signe du soleil, de la bonne humeur et de la gourmandise.
L’inauguration du 3e Salon de la Gastronomie des Outre-mer et de la Francophonie a eu lieu la matinée du 2 février par la maire de Paris, Madame Anne Hidalgo, et l’organisatrice du salon, chef on ne peut plus médiatique, qui lui a servi de guide à travers tous les stands. 7000 m2 d’expositions et d’animations, 120 exposants et 53241 visiteurs ont participé au succès du Sagasdom (le petit nom du salon) mouture 2018. Pourquoi faire ce salon en février plutôt qu’au printemps ou en été ? Ce salon est né de l’envie d’offrir du soleil au cœur de l’hiver et une maison où ils se sentent bien à tous les ultramarins. « Mon plaisir, c’est de faire rêver et d’apporter du soleil » explique Babette de Rozières. L’hiver semblait donc une bonne période pour se « réchauffer »…
FAIRE MIEUX CONNAITRE LA GASTRONOMIE ULTRAMARINE
Derrière ce projet, 10 ans de réflexion et de travail acharné ont été nécessaires pour concrétiser et mettre en place le concept. Pourtant, une question reste posée : qu’est-ce qui distingue ce Sagasdom du hall dédié aux Outremers du Salon International de l’Agriculture qui aura lieu à la fin du mois de février à la Porte de Versailles ?« Ce salon spécifique montre ce qu’il y a de mieux en gastronomie ultramarine. Il met en avant la qualité des produits et leur façon d’être travaillés » développe Babette. Ce ne sont pas seulement des produits exotiques que l’on pouvait trouver sur les stands mais bien le haut du panier, le meilleur de ce qui se fait en Outre-mer. Aujourd’hui la cuisine des ultramarins a dépassé les fourneaux populaires de ces territoires. Il existe bien une gastronomie dédiée. « Chaque région a ses spécialités propres à chacune ». Il n’existe pas une cuisine créole mais bien des cuisines créoles qui seront différentes que l’on soit aux Antilles ou à la Réunion.
DES GRANDS CHEFS ET DES CONCOURS POUR DÉNICHER DE NOUVEAUX TALENTS
Qualité, diversité et savoir-faire sont les maîtres mots de ce « challenge ». De nombreux petits producteurs étaient présents pour faire découvrir leurs produits d’excellente qualité cependant souvent méconnus. Mais surtout, ce salon met l’accent sur les chefs gastronomiques qu’ils soient de métropole ou d’Outre-mer. Yannick Alléno, président d’honneur de ce salon gastronomique, était entouré de nombreux chefs et/ou Mof parmi lesquels Pierre Negrevergne, Éric Briffard, Guylène Arabian, Beatrice Fabignon, Julien Delbe mais aussi Bénédicte Sauvage du Coco’s Tahiti. Certains ont effectués des démonstrations de leur talent tout au long des trois jours. Un concours culinaire mettant en scène des lycées hôteliers des Outre-mers s’est également déroulé. Cette année c’est la Polynésie Française qui a remporté le Trophée Babette. Autre prix, celui de l’innovation afin de favoriser la création gourmande. Si les ultramarins français étaient très représentés, de nombreux autres territoires ont répondu à l’appel comme le Cap Vert, Cuba, la Kabylie, le Mali, Madagascar ou le Brésil. « Ce salon fait aussi le lien entre les ultramarins et les pays de la Francophonie, pour lesquels rien n’est organisé » conclut Babette.
LA POLYNÉSIE FRANÇAISE À L’HONNEUR DU SAGASDOM
L’édition 2018 a mis à l’honneur la Polynésie. Le territoire possédait donc un grand stand sur lequel les visiteurs ont pu découvrir de nombreuses spécialités certaines inconnues du grand public. C’est ainsi que l’on a pu goûter les quatre vins produits sur l’atoll de Rangiroa par le Domaine Dominique Auroy : blanc de corail, clos du récif, rosé nacarat, blanc moelleux. Principalement élaborés à partir du Carignan. Sans être de très « grands » vins, ils ont la qualité de se déguster très facilement surtout lorsqu’ils sont bien frais, une basse température révélant leur minéralité sans aucun doute corallienne. Les vignobles polynésiens ont la particularité de produire deux vendanges et malgré l’ensoleillement maximum de ces îles, les raisins n’arrivent pas à leur maturité extrême.
LE RHUM POLYNÉSIEN À L’ÉPREUVE DES CONNAISSEURS
Sur le stand étaient présentées également 2 marques de rhums. Mana’o fabrique 3 variétés élaborés à base de canne à sucre bio : Mana’o Tahiti, un rhum blanc à 50° d’alcool ; Mana’o Rangiroa, un autre rhum blanc à 48,5° d’alcool et Mana’o Ambré, un rhum à la robe jaune paille aux reflets d’or affichant 42° d’alcool. Cette marque est née du constat que le territoire ne produisait aucun rhum de qualité. Il a donc fallu relancer une production de cannes à sucre de variétés ancestrales pour obtenir un rhum très qualitatif. L’autre distillerie présente était l’entreprise Moux à qui l’on doit la réintroduction du rhum à Tahiti depuis 1991. Cette dernière propose Tamure Dream, un rhum à la liqueur d’orange sauvage. Certains grands connaisseurs en la matière ont trouvé les rhums polynésiens délicieux et à la hauteur des autres rhums notamment Antillais. Ce qui a pu stopper certains actes d’achat est le prix jugé un peu élevé des produits. La raison est pourtant simple : Le territoire n’en produit pour l’instant que 5000 bouteilles. C’est donc un produit que l’on peut considérer comme luxueux.
DES PETITS PRODUCTEURS, DES PRODUITS INNOVANTS ET SAVOUREUX
Parmi les autres découvertes faites sur le stand de la Polynésie Française, en Art de la table, les verres gravés de motifs végétaux ou animaux polynésiens de la société Nanao prouvent que modernité et tradition s’accordent avec chic et élégance. Dans le même esprit les assiettes et contenants décorés de tatouages en mélamine ont fait leur effet. Toujours côté déco, le public a pu découvrir les jolies tables réalisées par Katryn Events Organisation, une agence événementielle qui combine avec harmonie et finesse Afrique, Antilles et Europe.
Les macarons de Jeanine Salomon, aux saveurs locales de Martinique, ont été très remarqués, tout comme les Ice Tubes de Xavier Toto, Dell kory le 1er coco pétillant et Délices de Guyane dont les Toco, des condiments ultra pimentés, donnent du piquant aux repas… À noter également l’exposition itinérante « Escales Outre-mer, la France grandeur nature » organisée par la photographe réunionnaise Stéphanie Léregon et articulée autour d’une mise en forme de textes et photos de 50 photographes autour de la biodiversité des territoires ultramarins. Une expo qui cherche à sensibiliser le public sur la fragilité des ressources naturelles et l’importance de les préserver.
Rendez-vous est désormais déjà pris pour 2019 puisque le Sagasdom aura lieu du 1 au 3 février au Parc des expositions de la Porte de Versailles. Et peut-être un jour au Qatar, à Haiti ou au Liban puisque les ambassadeurs de ces pays se disent prêt à importer le concept chez eux…