copyright-maeva-destombes_MG_8349Cette photographie a été prise avec un Canon 400D. La vitesse d’obturation est de 1/80s, l’ouverture du diaphragme a été mise sur f/1,8, la sensibilité était de 100 iso et le mode priorité à l’ouverture a été choisi. Ici que voit-on, une fleur ou une peinture abstraite ? La faible profondeur de champs donne un côté pictural au relief que l’on devine plus que l’on voit. Peut-être aurait-il fallu une ouverture de f/2,8 voire f/3,5 ?

La macrophotographie permet de photographier des sujets de petites tailles et d’acquérir des notions photographiques fondamentales telles que le cadrage ou la profondeur de champs.

Qu’est-ce que la macro ?

Les ailes de papillons qui deviennent œuvres d’art, les yeux des insectes de la taille de montgolfières, le pollen des fleurs qui envahissent l’espace… Tel l’enfant ébahis que vous étiez en cours de sciences naturelles lorsque vous observiez la vie à travers un microscope, avec la macrophotographie tout un monde s’ouvre à vous. C’est une technique (ou plus exactement un ensemble de techniques) qui permet de photographier des sujets de petites tailles. Mouches, libellules, abeilles, fleurs… tout ce qui est minuscule et dont on a difficulté à observer le détail à l’œil nu, est agrandi par la photo macro. Aucun élément n’échappe alors à l’objectif. La macro n’est pas qu’une histoire d’agrandissement ou de grossissement, avec elle vous pénétrez au cœur des choses, des objets, des animaux. D’un point de vue purement optique, la macrophotographie implique un rapport d’échelle entre l’objet tel qu’il est réellement et l’objet tel qu’il va apparaître sur la photographie. Le grossissement doit toujours être supérieur (jusqu’à 10:1) ou égal à 1:1. Prenons l’exemple d’une abeille mesurant 16 millimètres. Si cette abeille fait la même taille sur le capteur plein format (lorsque l’on travaillait en argentique, la surface sensible était alors, par exemple, une diapo 24X36mm) ou est beaucoup plus grosse, on est alors dans la macro pure et dure. D’une taille inférieure à ces 16mm on parlera de proxy photographie. Cette dernière est une technique de photographie de proximité qui s’est largement démocratisé ces dernières années avec le succès des APN (appareils photographiques numériques) et de certains objectifs dits « macros ». Dans la réalité, ces objectifs permettent rarement de dépasser le rapport de 1:2. Au delà du rapport de 10:1 on parle de photomicrographie et la prise de vue se fait généralement à l’aide d’un microscope.

Quel matériel est nécessaire ?

Tout dépend de votre matériel photo. Si vous êtes équipé d’un reflex numérique, tout vous est permis. Avec un bridge les options seront plus limitées.
L’accessoire le plus économique pour pratiquer la macro est la bague-allonge. Il s’agit en fait d’un ensemble de tubes creux, généralement livrés par 3, dont l’épaisseur varie de 12mm à 36mm, que l’on va intercaler entre l’appareil et l’objectif. Ces bagues vont réduire la distance de mise au point et augmenter le tirage de l’objectif, c’est-à-dire éloigner cet objectif du plan film (ou surface photosensible, autrement dit capteur sur un numérique). Les avantages des bagues-allonges sont nombreux. La qualité de votre cliché sera excellente. Vous obtiendrez également une grosse augmentation du rapport d’agrandissement surtout si vous utilisez simultanément les 3 bagues-allonges. Elles sont adaptables sur pratiquement tous les objectifs. Leur coût est plus que raisonnable (entre 30€ et 100€) et surtout elles sont quasi inusables et peu fragiles. Elles ont cependant l’inconvénient majeur de conduire à une forte perte de luminosité.
Dans le même esprit mais beaucoup plus onéreux et beaucoup plus encombrant, le soufflet. Alors qu’avec des bagues-allonges le tirage sera fixe, le soufflet offre quand à lui un tirage variable. Il n’est utilisé que par des photographes professionnels ou amateurs qui ont fait de la macro, leur domaine de prédilection. Autre accessoire, la bague d’inversion qui permet d’augmenter le facteur de grossissement.
Un peu plus onéreux (entre 70€ et 120€) et plus fragiles que les bagues-allonges, les bonnettes de rapprochement, ou filtres close-up. Ce sont des lentilles additionnelles, se fixant sur l’objectif, et qui grâce à leur nature convergente permettent de réduire la distance focale, d’augmenter l’échelle de reproduction et de réduire la distance de mise au point. Elles existent de +1 dioptrie à +10 dioptries et peuvent s’additionner les unes avec les autres, dans une certaine limite si l’on veut éviter les aberrations de sphéricité. La qualité de l’image sera cependant excellente sans perte de lumière, qualité non négligeable en photographie.
L’accessoire le plus onéreux (comptez 1200€ minimum pour un macro 100mm), mais donnant un excellent piqué, une qualité incomparable sans déperdition de luminosité, est sans conteste l’objectif macro. Il existe en différentes focales fixes (de 50mm à 200mm). Tout dépend de ce que vous voulez photographier. Pour les fleurs, un 50mm suffit. Pour les insectes et autres, optez pour un 100mm. Le 200 mm s’adaptera plus à la photographie rapprochée d’animaux avec lesquels il faut justement garder ses distances. Vous pourrez photographier aisément un œil de rhinocéros sans risquer l’affrontement !

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Cette photographie a été prise avec un Canon 400D. La vitesse d’obturation est de 1/100s et l’ouverture du diaphragme a été mise sur f/1,8, la sensibilité était de 100 iso et le mode choisi est priorité à l’ouverture. Cette dernière à f/1,8 permet de focaliser le regard vers le point central de la fleur. Le flou environnant ne perturbe pas la lecture de l’image et permet de laisser libre court à son imagination. Que cache le cœur de cette fleur ?

Les astuces pour bien réussir

Tout d’abord, choisissez un mode de mise au point manuelle (MF sur la plupart des appareils), si votre appareil le permet. En effet, ce dernier muni de bague-allonge ou de bonnette aura du mal à faire la mise au point si vous le laissez sur un mode de mise au point automatique (AF). L’autofocus peut changer constamment votre mise au point et vous faire rater une photo importante. Mettez ensuite votre appareil sur Mode AV ou A. C’est un mode qui donne la priorité à l’ouverture du diaphragme. Vous pourrez ainsi régler la profondeur de champs (distance de netteté existant avant et après le sujet sur lequel on fait la mise au point). Dans le cas de la macrophotographie, vos photos auront plus d’intérêt si vous choisissez une faible profondeur de champs. Le sujet sera plus mis en valeur. Pour cela ouvrez votre diaphragme entre f/3,5 et f/5,6 grand maximum. Une ouverture supérieure à f/5,6 donne un arrière-plan trop présent. Une ouverture inférieure à f/3,5 pourrait laisser apparaître des zones floues sur votre sujet principal.
Soignez votre cadrage. En effet il ne suffit pas de déclencher pour obtenir un bon cliché. Respectez les règles fondamentales de cadrage comme la règle des tiers. Cette dernière stipule que l’image à plus de force si l’on place l’élément important sur un tiers de l’image. On ne le répétera pas assez mais la meilleure source de lumière, lorsqu’on photographie est bien évidemment la lumière naturelle. A défaut, en macro, on utilise un flash annulaire. N’hésitez pas à adoucir la lumière pour éviter les ombres trop crues. Pour cela placer soit un diffuseur entre le sujet et le soleil (une simple feuille de papier calque ou une feuille de plastique translucide), soit un réflecteur (une feuille blanche par exemple) qui va adoucir la lumière du flash et éliminer les ombres disgracieuses. Pour une meilleure stabilité, aidez-vous d’un trépied ou du moins un monopode. Vous éviterez ainsi le flou de bougé.
Vous voilà paré pour faire de jolis clichés. Il ne vous reste plus qu’aller à la rencontre de votre sujet principal. La macrophotographie est une technique qui se pratique sur le terrain. Jardins, parcs, bois, forêts… vous offrirons un territoire largement exploitable, à condition d’avoir un peu étudié la question avant. En effet si vous souhaitez photographiez des rhododendrons, ce n’est pas en octobre que vous pourrez le faire. Vous aurez peu de chance de croiser des papillons en hiver… Vous devez connaître votre sujet sur le bout des doigts. Quel est son milieu naturel et où la débusquer… Choisissez aussi le bon moment. Trop de vent, vos photos seront floues. Trop de soleil, vos photos seront plates. Faites des repérages. Regardez où sont situées les fleurs. Il y a de grandes chances qu’elles attirent les insectes.